La capitale du département des Alpes-Maritimes est le théâtre d’un affrontement judiciaire particulièrement virulent portant sur les travaux d’extension du terminal de l’aéroport. D’ici vendredi, le juge des référés en charge du dossier va devoir donner raison aux partisans du projet, et donc autoriser les travaux, ou aux associations citoyennes d’écotourisme qui dénoncent les effets négatifs du surtourisme.
L’aéroport de Nice est le troisième de France de par son envergure. Afin de faire face à la croissance exponentielle des voyageurs qui y transitent, des travaux permettant l’agrandissement d’un de ses terminaux a été validé il y a quelques mois. Si ce chantier est soutenu par le maire de Nice, Christian Estrosi, il est en revanche vivement critiqué par les associations de protection de l’environnement et un collectif citoyen qui dénoncent l’économie du surtourisme qui met en danger notre planète.
« Notre maison est en feu, agrandir l’aéroport c’est y jeter du carburant », a estimé Me Thierry Bitouzé, avocat du Collectif Citoyen 06 et des associations impliquées (Capre 06, France Nature Environnement Provence Alpes Côte d’Azur, FNE Alpes-Maritimes).
Après avoir cité l’exemple de la ville anglaise de Bristol, qui a récemment décidé d’abandonner les travaux d’agrandissement de son aéroport, Me Bitouzé a présenté les projections du gestionnaire aéroportuaire de Nice : d’ici 2030, grâce à l’extension de l’aéroport, ce ne sont pas moins de huit millions de passagers supplémentaires qui devraient y transiter. Soit quelques 22.000 vols supplémentaires.
« Combien de morts et de malades en plus à cause de ces huit millions de passagers et de ces 22.000 vols supplémentaires ? », s’est interrogé Me Bitouzé avant de dénoncer « l’indigence de l’étude d’impact environnemental ».
Pour Me David Jacquemin, avocat du préfet des Alpes-Maritimes qui a délivré le permis de construire, les opposants au projet font preuve d’une véritable « paranoïa écologique ». Pour lui, ce projet d’extension est un ouvrage local « aux incidences limitées ».
Alors que les associations de défense de l’environnement ont invoqué l’urgence sanitaire et environnementale, les avocats de l’État et du concessionnaire aéroportuaire ont eu l’indécence de plaider l’urgence à démarrer des travaux pour « un tout petit bâtiment » de 75 millions d’euros.
« Se projeter dans un agrandissement de l’aéroport au détriment du climat est une absurdité », a bien évidemment fait savoir le leader écologiste Yannick Jadot lors de son déplacement à Nice.
En plus d’être une bataille écologique, ce projet d’extension de l’aéroport est une bataille politique qui cristallise les tensions liées aux prochaines municipales. Les adversaires du maire sortant ont bien évidemment saisi ce dossier pour questionner toute l’économie touristique de la ville de Nice (et ses répercussions sur le logement du meublé touristique au détriment des habitants permanents).
« Quatre millions de passagers supplémentaires à l’aéroport paraît déraisonnable, pour des questions de pollution et de desserte terrestre », estime par exemple le socialiste Patrick Allemand, qui plaide pour la relance d’un projet ferroviaire. « Le Paris-Nice de nuit, c’est l’économie de trois navettes aériennes et un transport tout à fait acceptable… mais avec un changement de mentalité ».
« Si le projet consiste uniquement à étendre l’aérogare, il n’y a rien de scandaleux. Mais augmenter le trafic aérien et faire peser tout le poids écologique sur Nice alors qu’un passager sur trois séjourne dans la ville, cela ne nous semble ni souhaitable ni équitable », a expliqué le frontiste Philippe Vardon.