Après un passage par les orbites de Vénus puis de Mercure, la sonde se rapprochera à 42 millions de kilomètres de l’astre solaire (soit moins d’un tiers de la distance Soleil-Terre). Contrairement à la sonde Parker, Solar Orbiter a la capacité de regarder le Soleil directement. Elle est équipée pour cela d’un bouclier thermique permettant à ses équipements de résister aux 600°C qu’il fera à son point d’observation le plus proche.
« Quand on est aussi proche du Soleil, on n’a pas de problème d’énergie, mais on a un problème de température », explique Ian Walters, chef du projet chez Airbus et membre de l’équipe de construction de la sonde euro-américaine.
Les données recueillies par Solar Orbiter complèteront celles de la sonde Parker de la Nasa. Cette dernière, lancée avec succès en 2018, s’est approchée davantage de la surface du Soleil (7 à 8 millions de kilomètres) sans être équipée de technologies d’observation directe (en raison d’une chaleur trop intense).
L’objectif de Solar Orbiter est de sonder l’environnement qui entoure le Soleil mais également de comprendre comment il produit et contrôle l’héliosphère, une bulle de matière qui l’entoure en permanence et qui baigne dans un flot permanent de particules appelé vent solaire. Les scientifiques en charge de cette mission comptent notamment comprendre comment les éruptions magnétiques se propagent dans l’espace et provoquent parfois des pannes sur Terre.
« Cela perturbe notre environnement électromagnétique. C’est ce qu’on appelle la météorologie de l’espace, qui peut affecter notre vie quotidienne », explique Matthieu Berthomier, chercheur CNRS au laboratoire de physique des plasmas de l’école Polytechnique.
Les tempêtes solaires sont difficiles à prévoir. Si elles ont bien souvent un impact négligeable sur notre planète (elles provoquent les magnifiques aurores boréales), il arrive qu’elles soient bien plus dangereuses.
L’événement de Carrington, qui s’est déroulé en 1859 est la plus grande tempête solaire connue de l’humanité. Elle a notamment détruit le réseau américain des télégraphes et électrocuté certains agents. La lumière boréale fut à l’époque visible à des latitudes inhabituelles (jusqu’en Amérique centrale).
Les modifications du champ magnétique terrestre provoquées par les tempêtes solaires peuvent également entrainer des coupures généralisées de courant mais également perturber les radars dans l’espace aérien et endommager les satellites.
La sonde Solar Orbiter est partie pour un voyage de deux ans dans le cadre d’une mission scientifique d’observation qui durera entre 5 et 9 ans.