L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a décidé d’attirer l’attention des médias sur une problématique qui reste encore aujourd’hui particulièrement méconnue : le manque d’oxygène dont souffrent les espèces sous-marines. En plus du réchauffement climatique, de l’acidification de l’eau et de la surpêche, les océans sont désormais menacés par une véritable perte d’oxygène.
Basée sur les recherches de 67 experts, l’étude publiée ce weekend par l’UICN constitue un des rapports les plus complets sur le phénomène de la perte d’oxygène des océans. Il s’agit d’ailleurs d’une menace croissante qui représente une véritable entrave à la survie d’espèces menacées tels que les thons, les marlins ou encore les requins.
« Au fur et à mesure que les océans perdent leur oxygène, en se réchauffant, l’équilibre délicat de la vie marine se fragilise. Pour limiter la perte d’oxygène dans les océans, parallèlement aux autres effets dramatiques des changements climatiques, les dirigeants mondiaux doivent s’engager à réduire immédiatement et de manière substantielle leurs émissions », expliquent les auteurs du rapport.
Deux phénomènes expliquent la désoxygénation de l’océan. D’une part l’eutrophisation: cette expression désigne la prolifération de végétaux provoquée par l’écoulement des nutriments venus des continents et par le dépôt d’azote du à la combustion des énergies fossiles. D’autre part, ce phénomène est à mettre sur le compte du réchauffement des eaux océaniques (provoqué par la hausse globale des températures terrestres).
Selon les auteurs de ce rapport, le taux d’oxygène des océans a baissé de 2% entre 1960 et 2010. Si les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter au rythme actuel, les océans pourraient perdre entre 3 et 4% de leurs stocks d’oxygène d’ici la fin du siècle.
« La majeure partie de cette perte se concentrant dans les premiers 1.000 mètres de la colonne d’eau, où la richesse et l’abondance des espèces sont les plus élevées », déplorent les experts de l’UICN.
Ce ne sont pas moins de 700 sites, souvent situés à proximité des côtes et dans des espaces maritimes semi-fermés, qui souffrent aujourd’hui d’une faible teneur en oxygène. Dans les années 60, ils n’étaient que 45. Sur cette même période, les volumes des zones maritimes complètement dépourvues d’oxygène a quadruplé.
« La diminution de la teneur en oxygène des océans a déjà commencé à modifier l’équilibre de la vie marine, favorisant les espèces tolérantes à l’hypoxie (les microbes, les méduses et certains calmars) au détriment d’espèces sensibles à l’hypoxie (comme de nombreuses espèces marines, dont la plupart des poissons) », explique l’UICN.
Si la désoxygénation des océans est particulièrement préjudiciable aux espèces cruciales pour la pêche et aux espèces vivantes au fond des eaux, sa conséquence sur l’homme est encore mal connue. L’UICN estime cependant que le phénomène risque de modifier les habitudes de l’homme, qui est dépendant de la pêche et de certaines activités marines pour survivre.