L’Anses a retiré la licence de commercialisation de 36 produits dont l’utilisation ne sera plus autorisée à la fin de l’année prochaine, a-t-elle précisé dans un communiqué.
Les produits représentaient près des trois quarts du volume de produits à base de glyphosate vendus l’année dernière en France, le plus grand producteur agricole de l’Union européenne, a précisé l’agence.
L’Anses a également rejeté les demandes de lancement de quatre nouveaux produits à base de glyphosate.
Élimination progressive du glyphosate en France d’ici 2021
Le glyphosate, développé pour la première fois par Monsanto de Bayer sous la marque Roundup, a fait l’objet de controverses depuis qu’une agence de l’Organisation mondiale de la santé a conclu en 2015 qu’il causait probablement le cancer. Bayer nie depuis l’accusation.
Bayer fait face à des poursuites potentiellement coûteuses aux États-Unis tandis que des politiciens de l’Union européenne débattent de l’interdiction pure et simple du désherbant.
L’Autriche, qui tente d’être le premier pays européen à interdire toutes les utilisations du désherbant, a déclaré le même jour que malgré son intention de promulguer sa loi sur l’interdiction au 1er janvier, elle ne pourrait pas le faire car la Commission européenne n’avait pas été correctement notifiée.
En 2017, le président Emmanuel Macron s’est engagé à mettre fin à l’utilisation du glyphosate en France d’ici trois ans, comme l’Autriche allant au-delà d’une décision de l’UE de prolonger son utilisation pour cinq ans.
Cependant, le gouvernement de Macron a arrêté de légiférer pour interdire le glyphosate, fixant à la place un objectif d’élimination progressive de son utilisation d’ici 2021, sauf en l’absence d’alternatives viables.
L’Anses a indiqué avoir revu les 69 produits à base de glyphosate disponibles en France ainsi que 11 applications pour commercialiser de nouveaux produits.
« L’Anses a décidé que 36 de ces produits seront retirés du marché et ne pourront plus être utilisés à partir de fin 2020, faute ou en absence de données scientifiques permettant d’exclure tout risque génotoxique », dit l’agence.
Bayer espère fournir des données supplémentaires pour faire plier l’Anses
La liste des produits à retirer comprend plusieurs versions de Roundup ainsi que certains autres produits appartenant à Bayer, mais également d’autres marques vendues par une douzaine de fabricants.
Le glyphosate ne dispose pas de brevet et est commercialisé dans le monde entier par un grand nombre d’autres acteurs en plus de Bayer.
Bayer a déclaré dans un communiqué envoyé par courrier électronique qu’il se conformerait à la décision de l’Anses mais prévoyait de fournir des données supplémentaires à l’agence afin de « travailler au renouvellement des autorisations de mise sur le marché de nos produits à base de glyphosate en France ».
L’Anses a déclaré qu’elle achèverait sa revue des produits à base de glyphosate d’ici la fin 2020 et que seuls les produits répondant aux critères de l’UE et ne disposant pas d’alternatives adéquates seraient autorisés à être commercialisés en France.
L’Allemagne, pays d’origine de Bayer, interdira la substance à partir de la fin de 2023.