Les émissions des aéronefs pourraient bientôt être capturées et réutilisées comme carburéacteur. Les sociétés d’ingénierie du monde entier développent des systèmes capables de transformer des gaz potentiellement nocifs en énergie utile.
Les spécialistes de l’aviation verte, SkyNRG, collaborent actuellement avec l’aéroport de Rotterdam sur un projet novateur en matière de développement durable. L’entreprise planifie la première production commerciale au monde de carburéacteur à émissions de carbone.
1 000 litres de carburéacteur par jour
Le projet consiste à capter le dioxyde de carbone, puis à utiliser l’électrolyse pour fractionner l’eau en hydrogène et oxygène. L’hydrogène séparé est ensuite combiné au dioxyde de carbone capturé pour former du carburéacteur. La société néerlandaise a pour objectif de produire 1 000 litres de carburéacteur par jour et son lancement officiel est prévu pour 2021.
SkyNRG n’est pas la seule entreprise sur le point de produire du carburéacteur recyclé. L’entreprise canadienne Carbon Engineering, travaille sur la capture directe d’air (DAC) depuis 2015. L’entreprise espère qu’en capturant les émissions de carbone, elle pourra non seulement les utiliser pour le transport, mais aussi pour d’autres opérations telles que la production de matériaux.
De son côté, la société new-yorkaise Global Thermostat travaille sur une technologie de capture similaire depuis 2010.
Bien que les perspectives de recyclage des émissions de carburéacteur semblent prometteuses, certains défenseurs de l’environnement, tels que l’ONG les Amis de la terre, restent sceptiques. Ils soutiennent que même si les émissions sont recyclées, la quantité d’énergie produite est minimale.
« Cela semble incroyable. Cela ressemble à une solution à tous nos problèmes, sauf que ce n’est pas le cas », a déclaré un représentant des Amis de la terre à la BBC.
En effet, 1 000 litres par jour à base d’énergie renouvelable représentent cinq minutes de vol dans un Boeing 747.
Les gouvernements et les compagnies doivent travailler main dans la main
Tandis que les nouvelles technologies en sont encore au stade de l’incubation, le groupe de défense de l’environnement présent dans 74 pays affirme que le meilleur moyen de réduire les émissions est de réduire les vols. Avec une réticence à réduire leurs opérations, les compagnies aériennes ont mis en œuvre diverses techniques pour réduire leur empreinte carbone.
Air France a annoncé vouloir atteindre la neutralité carbone sur ses vols intérieurs grâce notamment à la plantation d’arbres pour reboiser les forêts. Ces mesures semblent cependant dérisoires.
En fin de compte, les gouvernements ont le devoir d’aider les entreprises de l’aviation à respecter les normes environnementales. Les autorités suédoises ont récemment examiné des projets visant à contraindre les compagnies aériennes à utiliser des biocarburants afin de réduire leurs émissions. Le gouvernement allemand envisageait également de doubler la taxe sur l’aviation nationale du pays afin de réduire l’influence négative.
À mesure que la conscience mondiale de la durabilité environnementale grandira, de plus en plus d’initiatives vertes seront mises en œuvre. Les nouvelles technologies, les nouveaux systèmes et la nouvelle législation seront combinés dans le but de réduire l’impact de l’industrie aéronautique sur les émissions.