L’été 2019 a été marqué par des températures record en France comme dans le monde. Juillet et août ont été les deux mois d’été les plus chauds jamais enregistrés et la température la plus élevée de l’histoire de notre pays a été mesurée le 28 juin dans l’Hérault (46 degrés). Un triste phénomène qui a eu de nombreux impacts négatifs sur les écosystèmes français et notamment sur les populations d’abeilles.
Pour le bien-être des colonies, la température à l’intérieur d’une ruche doit avoisiner les 34°C. Pour maintenir le mercure à ce niveau, les abeilles sont amenées à se regrouper pour réchauffer leur foyer en hiver ; en été, elles auront plutôt tendance à battre des ailes pour le ventiler.
Cette technique, observée par les apiculteurs de toute la France n’a malheureusement pas été suffisante ces derniers mois. Les températures estivales du Sud ont été si extrêmes que les abeilles n’ont pas réussi à réguler la température à l’intérieur de leurs ruches. Entrainant ainsi des pertes énormes pour les apiculteurs.
« La canicule de fin juin a été catastrophique: nous avons perdu 80 ruches par la fonte de cire (…). Il faisait tellement chaud dehors que les abeilles n’ont pas réussi à ventiler dans les ruches. À ce moment-là, alors que sur un cadre, le miel est positionné en haut, autour du couvain, la cire a fondu, ça s’est affaissé en écrasant les larves et en entraînant vers le bas les abeilles et la reine. La cire a bouché les sorties si bien que les abeilles et reines sont mortes engluées et piégées à l’intérieur », explique Christian Pons, un apiculteur qui exerce depuis 15 ans à Cournonsec, une commune proche de Montpellier.
Pire, le phénomène a également eu un impact fortement négatif sur le système de reproduction des abeilles. Les températures ont en effet empêché la ponte normale des reines, entrainant un déficit de natalité et le renouvellement des générations d’abeilles. Cela a notamment réduit les récoltes de miel mais également de thym et de romarin.
« Une année normale on fait à peu près deux tonnes de miel de garrigue sur les différents ruchers que l’on a. Cette année on a fait 150 kilos », précise M. Pons.
Pour tenter de sauver les survivantes de son exploitation, l’apiculteur a fait de la transhumance : il a déplacé temporairement ses ruches vers des cantons plus en altitude. Il a également expliqué qu’il allait modifier ses ruches pour renforcer l’isolation (peindre les murs en blanc, isoler les toits…) mais doute que ces mesures soient suffisantes pour lutter contre la multiplication de ces canicules.
« Les abeilles sont dans un état critique depuis le printemps. Et on finit avec une baisse de production de 50 à 80% selon les apiculteurs. En 11 ans, je vois que l’accélération des effets du changement climatique est énorme. Quand j’ai commencé, les parcours de transhumance étaient réglés comme du papier à musique alors que maintenant on ne sait plus où mettre nos ruches », précise Muriel Pascal, une apicultrice installée en Lozère et dans le Gard.