Si cette proposition venait à être validée, elle concernerait également les installations existantes : ces dernières devraient en effet être démantelées d’ici le 1er février 2025. Inutile de préciser que les défenseurs de l’environnement et des animaux ont largement salué cette forte volonté politique et ce qu’elle symbolise. Les éleveurs ne voient en revanche pas ça de la même manière.
« L’élevage d’animaux à fourrure représente environ 70% de mes revenus. Pas moyen de vivre de ma ferme sans la fourrure », se désole Kristian Aasen, un fermier de 39 ans qui élèvent plus de 6.000 visons dans le sud-est de la Norvège.
La Norvège représente 1% de la production mondiale de peaux de visons et de renards. Mais la proposition de loi qu’elle entend voter lui permettrait de rejoindre la liste grandissante des pays qui se sont prononcés en faveur du bien-être animal (tels que le Royaume-Uni et les Pays-Bas).
« C’est une grande victoire pour le bien-être animal. On prend conscience que le respect des animaux peut peser davantage que l’argent et les intérêts économiques. C’est complètement contre nature de garder ces animaux dans de toutes petites cages en métal », estime Siri Martinsen, cheffe de l’organisation Noah qui milite pour la fin des élevages d’animaux à fourrure depuis près de 30 ans.
L’association norvégienne des éleveurs d’animaux, dont l’activité est fortement menacée par cette proposition de loi, a bien évidemment dénoncé un texte injustifié, voire illégal et antidémocratique. Les professionnels estiment en effet que leur activité, rentable sans aucun subventionnement, permet de maintenir à flot certains territoires reculés de Norvège.
« Ce sont des manœuvres politiques scandaleuses (…). On va continuer à importer des fourrures, on peut continuer à les vendre mais on ne peut plus les produire soi-même ? », s’interroge, à juste titre, Kristian Aasen.
En guise de compensation, le gouvernement norvégien débloquera une enveloppe de 500 millions de couronnes (soit 51 millions d’euros) pour accompagner le démantèlement des élevages en activité. Dans cette somme, 100 millions de couronnes (soit près de 10 millions d’euros) seront utilisés pour la reconversion des éleveurs.
« Cinq cent millions de couronnes, ça peut sembler beaucoup mais il ne s’agit pas d’indemniser la simple perte d’un emploi. Là, c’est tout le gagne-pain des fermiers qui disparaît », estime Guri Wormdahl, porte-parole de l’Association des éleveurs d’animaux à fourrure.