Au même titre que les Départements et les Territoires d’Outre-Mer, l’île Maurice est une zone insulaire isolée : il s’agit en effet d’un territoire qui ne dispose d’aucune interconnexion à un réseau électrique continental et qui doit donc produire localement son électricité. Le mix électriques de ces petits systèmes isolés sont bien souvent carbonés car tributaires des centrales thermiques (pétrole, charbon), des unités de production fortement polluantes mais rapidement mobilisables.
Soucieux de répondre aux nouvelles exigences écologiques et de participer à la lutte contre le réchauffement climatique, l’île Maurice s’est lancé dans une transition énergétique visant à progressivement remplacer les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables.
Parmi les ressources disponibles localement, la bagasse a le mérite d’être facilement valorisable. Ce résidu fibreux issu de la production de la canne à sucre est utilisé depuis une quinzaine d’années pour produire de manière 100% renouvelable de l’électricité. Les résidus de canne à sucre permettent d’ailleurs de couvrir jusqu’à 14% des besoins électriques des habitants de l’île.
Le système électrique de l’île Maurice repose en grande partie sur la bagasse. 60% de l’électricité mauricienne est issue de 4 centrales thermiques gérées par quatre sociétés sucrières. Ces centrales présentent la particularité de fonctionner principalement au charbon. Mais lorsque vient la saison de la canne à sucre, la bagasse entre en jeu et remplace le charbon comme combustible.
Ce ne sont pas moins de 900.000 tonnes de canne à sucre qui sont récoltées chaque année. Une fois que le jus servant à produire le sucre est extrait des tiges de cannes, elles partent alimenter une centrale thermique. La bagasse est brûlée à 500° : la chaleur produite permet d’activer une turbine électrique en charge de produire de l’électricité.
« L’électricité est disponible 24h/24, à la demande, sans avoir à attendre le vent ou le soleil, puisqu’on peut stocker la bagasse comme on le ferait pour l’huile lourde et le charbon », explique Jacques D’Unienville, directeur général d’Omnicane. De plus, le CO2 produit lors de la combustion de la bagasse est capté afin de produire du gaz carbonique. Ce dernier est ensuite acheminé jusque dans les entreprises de production de boissons gazeuses.
À Maurice, 22% de l’électricité produite est issue de ressources renouvelables (hydroélectricité, solaire, éolien et bagasse). L’objectif du gouvernement est d’augmenter cette part jusqu’à 35% d’ici l’horizon 2025.
« Les 35% ne sont pas très loin. Nous aurons 11 parcs solaires d’ici l’an prochain et au moins deux parcs éoliens (…). Les producteurs indépendants de l’industrie sucrière continueront à fournir la plus grosse part d’électricité renouvelable à partir de la bagasse », indique Ivan Collendavelloo, Premier ministre adjoint et ministre de l’Énergie.