La dépénalisation, voire la légalisation, du cannabis est un processus législatif que de nombreux États ont lancé ces dernières années. Principalement connues pour ses effets euphorisants, le cannabis possède également des effets apaisants qui peuvent se révéler très utiles dans le domaine médical. On estime d’ailleurs qu’une trentaine de pays dans le monde autorisent aujourd’hui le cannabis à usage thérapeutique.
Pour l’heure, le cannabis thérapeutique n’est pas toléré en France. Cela pourrait cependant évoluer dans les prochaines années. Un comité d’experts missionné par le gouvernement sur la question de l’usage thérapeutique du cannabis vient en effet de rendre un avis positif.
Dans son compte rendu, le comité d’experts nommé par l’Agence française de sécurité du médicament estime « pertinent d’autoriser l’usage du cannabis à visée thérapeutique (…) dans certaines situations cliniques et en cas de soulagement insuffisant ou d’une mauvaise tolérance des thérapeutiques existantes ».
En d’autres termes, le cannabis pourrait être utilisé pour calmer les douleurs « réfractaires aux thérapies accessibles » et notamment pour le traitement de « certaines formes d’épilepsies ». Le cannabis s’avérerait également utile comme « soins de support en oncologie » (traitement des cancers) ou lors des « situations palliatives ». Enfin, le comité d’experts estime que les propriétés du cannabis peuvent apaiser les contractions musculaires qui affectent les personnes atteintes de sclérose en plaques.
Si l’avis de l’Agence de sécurité du médicament venait à être suivi par l’Agence du médicament, un groupe de travail serait créé pour envisager les modalités de mise à disposition du cannabis. À la suite de quoi le gouvernement sera sollicité afin de décider des modifications législatives nécessaires à la légalisation du cannabis thérapeutique.
« Il n’est pas sûr que le cannabis médical puisse être mis à disposition des patients avant 2020 (…). Beaucoup reste à faire : il faut encadrer la mise sur le marché et le suivi des patients. Le cannabis médical ne pourra être utilisé en première intention mais seulement en complément d’autres traitements, car les études sont trop lacunaires », a cependant expliqué le professeur Nicolas Authier, président du Comité scientifique, aux journalistes de l’AFP.
Si le Comité exclue d’office « la voie d’administration fumée », qui présente des risques par la santé en raison de la combustion du cannabis, d’autres possibilités sont actuellement étudiées : inhalation, gouttes, sprays, huiles, patch, gélules…
Le mode de délivrance du produit et les modalités d’un éventuel remboursement restent encore à définir. Nul doute cependant que ces premières pistes de travail vers la légalisation seront accueillies positivement par les patients français qui sont soulagés par le cannabis thérapeutique. Ils sont aujourd’hui contraints de se fournir sur le marché illégal ou de se rendre dans les pays voisins qui autorisent le cannabis médical (comme la Suisse).