Depuis l’explosion des nouveaux moyens de communication, les écrans ont envahi notre vie quotidienne. De plus en plus connectés, nos yeux passent de la télévision au smartphone puis de l’ordinateur à la tablette. Dans ces quotidiens ultra-connectés, les tout-petits n’échappent pas à cette surexposition aux écrans, sans que nous sachions réellement l’effet que cela produit sur leurs cerveaux en développement.
À l’occasion de la journée internationale des droits de l’enfant, le Sénat s’est penché sur la question de la protection des moins de trois ans face à l’invasion des écrans. Ces débats ont donné naissance à une première proposition de loi, cependant jugée insuffisamment étayée par les membres du gouvernement.
Ce texte de loi propose de rendre obligatoire la mention « d’un message à caractère sanitaire sur les emballages de tous les outils et jeux numériques disposant d’un écran » ainsi que sur les publicités de ces mêmes produits. Ce message aurait pour fonction d’avertir les parents des dangers liés à l’exposition des enfants de moins de 3 ans aux écrans.
Cette proposition a été favorablement accueillie par l’ensemble des classes politiques françaises : elle a en effet reçu le soutien de l’ensemble des groupes du Sénat et a été voté par 333 voix contre 2.
« Ce texte traduit les alertes lancées par de nombreux pédiatres, psychiatres, professionnels de santé et de la petite enfance, ainsi que l’Académie des sciences sur les conséquences de l’exposition des jeunes enfants aux écrans pour leur développement », explique Catherine Morin-Desailly, responsable de cette nouvelle proposition de loi.
« S’il est vrai, et les chiffres en témoignent, que le temps passé devant les écrans augmente, il n’y a pas de consensus quant à l’interprétation de leurs résultats », a expliqué Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Santé. Malgré le consensus suscité par la problématique de cette nouvelle proposition de loi, Mme Dubos estime nécessaire d’étayer ce message à caractère informatif par des analyses scientifiques.
« Nous ne pouvons nous permettre d’imposer des messages de santé publique précis sur des produits en circulation s’il ne sont pas clairement étayés par des analyses scientifiques », estime-t-elle.
Le Haut conseil de la santé publique a donc été missionné pour faire « la synthèse des connaissances disponibles et proposer des recommandations afin de diffuser une information basée sur des preuves scientifiques ». Une décision qui a suscité la surprise et l’incompréhension des sénateurs.
Le psychiatre Serge Tisseron estime en effet « qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais la démonstration de ce qu’on appelle en sciences la dangerosité. En revanche, il y a un faisceau de présomptions qui concordent pour dire qu’une utilisation excessive des écrans présente de grands risques. L’idée, c’est de faire changer les esprits ».
« Les parents qui ont l’intuition qu’il y a un problème ont besoin d’être confortés dans leur certitude face à tous les lobbies, que oui, il y a bien un vrai problème de santé publique pour les petits », confirme Mme Morin-Desailly.