Le toit de l’Europe serait-il sur-fréquenté ? C’est en tout cas ce que laisse sous-entendre la mairie de Saint-Gervais, en Haute-Savoie, en annonçant que l’ascension du Mont Blanc par la voie dite « normale » serait réglementée dès la saison estivale 2019 pour les alpinistes non accompagnés d’un guide. Une décision qui intervient quelques semaines après la médiatisation des incivilités et des comportements extrêmes (guides bousculés, irrespect des règles de randonnée en montagne…) qui sont devenues monnaie courante lors de l’ascension du célèbre sommet alpin.
« C’est une décision difficile mais une vraie bonne décision car le Mont-Blanc n’est pas une course comme les autres. Elle se prépare », a expliqué aux journalistes de l’AFP le maire de Saint-Gervais, M. Jean-Marc Peillex.
Le peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix, la Fédération française des clubs alpins, la préfecture de Haute-Savoie et, bien évidemment, les compagnies de guides (qui vont en tirer un surcroît d’activité) ont acté le principe de cette réglementation lors des réunions menées fin août et début septembre.
Mais pour l’heure, les contours de cet encadrement restent encore un peu flous. Rien n’est encore acté et la mise en place de diverses pistes de réflexion est encore en train d’être travaillée. « L’application technique et juridique de cette réglementation n’est pas définie et les modalités de la méthode vont s’affiner », explique en effet M. Peillex.
Un point semble cependant faire consensus pour cette future restriction d’accès : la délivrance d’une autorisation par l’office du tourisme de Saint-Gervais. Les candidats à l’ascension du Mont Blanc devraient, pour l’obtenir, prouver qu’ils détiennent une réservation dans un des refuges situés sur l’itinéraire.
« Ce n’est pas une sanction pour les alpinistes, mais simplement du bon sens: nous souhaitons que le nombre de personnes qui partent vers le Mont-Blanc corresponde au nombre de places disponibles dans les refuges », explique le maire de Saint-Gervais.
L’instauration d’un quota de 214 alpinistes quotidien est également prévue. De plus, pour faire respecter cette nouvelle réglementation, une « brigade blanche » pourrait être créée. Elle disposerait des assermentations nécessaires pour veiller à l’application des nouvelles restrictions.
Chamonix, commune voisine, a déploré une décision non concertée. « Il est déplorable qu’une analyse plus globale des solutions qui pourraient être mises en œuvre sur l’ensemble des voies d’accès du Mont-Blanc n’ait pas été travaillée », a fait savoir dans un communiqué de presse Éric Fournier, maire de Chamonix.