Depuis mars dernier, une vingtaine de députés de tout bord politique se sont réunis au sein d’une commission d’enquête sur l’alimentation industrielle. Leur objectif est d’établir un état des lieux de l’impact sanitaire et social de l’alimentation industrielle afin de travailler à l’élaboration d’une série de mesures destinée à lutter plus efficacement contre la malnutrition et les maladies chroniques.
Première cible de cette commission d’enquête : le sel. Ces députés veulent en effet inciter les industriels du secteur agroalimentaire à réduire la teneur en sel de leurs produits, et notamment les plats cuisinés. Il s’agirait de réduire le nombre de maladies cardio-vasculaires.
« Il y a des problématiques de santé publique qui sont gravissimes et qui incluent aussi la question du sel. On en retrouve dans de nombreux produits transformés ou ultra-transformés, comme les plats préparés par l’industrie ou encore la viande », a regretté Michèle Crouzet, rapporteure de la commission, auprès des journalistes de l’AFP.
L’Organisation Mondiale de la Santé recommanderait une consommation quotidienne de sel à hauteur de 5 grammes par personne. Aujourd’hui, un adulte français consommerait entre 10 et 12 grammes de sel par jour.
« On peut facilement mettre beaucoup moins de sel dans notre alimentation, sans que cela gêne quoi que ce soit au niveau gustatif », insiste Mme Crouzet. Et de rappeler que ce ne sont pas moins de 12 millions de personnes qui souffrent d’hypertension en France.
« Les produits ultra-transformés qui contiennent des colorants, des conservateurs ou des agents de saveur pour donner un goût acceptable sont un fléau pour notre alimentation », estime de son côté Loïc Prud’homme, président de cette commission et député La France Insoumise. « Dès que je ne suis pas capable de trouver la liste des ingrédients contenus dans mon plat à l’épicerie en bas de chez moi, c’est qu’il y a un problème ».
La commission propose donc de taxer les produits qui contiennent des doses excessives de sel afin que « le consommateur soit à nouveau maître de son alimentation ». À cette « taxe sel », qui n’est pas sans rappeler la « taxe soda » évoquée sous Nicolas Sarkozy, s’ajouterait des interventions pédagogiques en milieu éducatif.
M. Prud’homme estime également qu’il est nécessaire de lutter contre la publicité massive à la télévision. « Si on ne met pas un cadre très strict sur la publicité mensongère et trompeuse, on aura du mal à s’en sortir », estime-t-il.
La commission d’enquête sur l’alimentation industrielle, qui s’est également penchée sur la question des additifs alimentaires, doit rendre son rapport d’ici le 27 septembre.