Quelques semaines après avoir inauguré son usine de fabrication d’hydroliennes à Cherbourg, Naval Energies a annoncé l’arrêt de ses investissements dans le secteur. La société dénonce un manque de soutien public à une technologie naissante mais particulièrement prometteuse : avec deux commandes fermes du Canada et du Japon, l’usine tournait au ralenti et ses promoteurs comptaient sur les appels d’offres de l’État pour lancer sa production.
« L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (…) n’a prévu que 100 à 150 MW installés d’ici 2028, soit 50 turbines de 2 MW dans dix ans », précisent les responsables de Naval Energies. Ces derniers déplorent à ce titre « un décalage entre l’offre technologique et la demande du marché » et dénoncent « un système de subventions qui n’apporte pas d’aides directes aux constructeurs ».
« Les contacts que nous avons eu avec les autorités montraient qu’il n’y avait rien à attendre de significatif dans la future feuille de route énergétique que le gouvernement doit finaliser d’ici la fin de l’année », a également indiqué un porte-parole de Naval Energies aux journalistes de l’AFP.
Les hydroliennes sont des turbines sous-marines qui exploitent la force naturelle des courants marins pour produire une électricité totalement respectueuse de l’environnement. Cette technologie renouvelable suscite depuis plusieurs années l’espoir des énergéticiens et des industriels qui y voient une source d’énergie propre, prévisible (contrairement aux énergies éoliennes et solaires intermittentes) et dépourvue des nuisances visuelles que suscitent parfois les éoliennes.
Espoir d’autant plus légitime que la France dispose de nombreux « gisements » au large de ses côtes. Et notamment le célèbre Raz Blanchard, un passage situé dans la Manche où sévit l’un des courants de marée les plus puissants du monde.
Malgré la demande d’études complémentaires qu’il a commandité à l’Ademe, Nicolas Hulot ne cache pas ses doutes sur la solidité de la filière hydrolienne en raison de ses coûts de production très élevés. « Les études montrent que la filière hydrolienne n’est pas encore au stade de développement industriel, que la technologie ne fonctionne pas assez bien pour un développement à grande échelle », précise à ce titre le ministère de la Transition écologique.
Le gouvernement a expliqué qu’il préférait concentrer ses efforts sur le secteur de l’éolien en mer. Les premiers parcs posés n’ont toujours pas vu le jour malgré les appels d’offres remportés en 2012 et 2014, et les professionnels du secteur constatent que le discours politique qui vantait l’émergence d’une filière forte a bien changé.
Même son de cloche dans l’éolien flottant où le premier appel d’offres commerciales, promis par le gouvernement de François Hollande, n’a toujours pas été lancé.
« Pour l’instant on est assez inquiet. Ce qu’on comprend, c’est que les énergies les moins matures sont remises en question mais (…) ce serait dommage qu’on perde l’avance qu’on a », déplore à ce titre Marion Lettry du Syndicat des énergies renouvelables (SER).