« C’est assez effrayant. Ce glacier est un symbole pour l’ensemble des glaciers à travers le monde. Tout cet environnement est en train de fondre. La neige fond, et cela touche tout l’écosystème: les plantes, les animaux, le climat, tout. On voit clairement ici les effets du changement climatique. Et pour la Suède, le sommet sud du Kebnekaise est emblématique », témoigne auprès des journalistes de l’AFP Gunhild Ninis Rosqvist, professeur de géographie à l’université de Stockholm.
Gunhild Ninis Rosqvist dirige depuis plusieurs années le centre de recherche de Tarfala, dans le cercle Arctique, à quelques kilomètres du Kebnekaise. Dans le cadre d’un projet de recherche sur les effets du réchauffement climatique, elle a pu mesurer la hauteur des deux sommets qui composent ce célèbre massif. Et ainsi se rendre compte des effets concrets de la hausse des températures terrestres.
« La surface du glacier n’a jamais été aussi basse qu’aujourd’hui. J’ai vu de l’eau de fonte couler sur les versants, je n’avais jamais observé cela auparavant », explique Mme Rosqvist.
Le sommet sud du Kebnekaise a perdu près de quatre mètres de neige au cours du seul mois de juillet 2018, soit 14 centimètres par jour en moyenne. Un phénomène qui s’explique par les records de températures qui se sont abattues sur la Suède le mois dernier (provoquant des feux de forêt même dans le cercle Arctique).
Lors des dernières mesures effectuées par Mme Rosqvist, le sommet sud s’élevait à 2.097 mètres au-dessus du niveau de la mer. « Nous ne sommes pas montés aujourd’hui pour le mesurer, mais nous avons vérifié la température et il faisait vraiment chaud hier, plus de 20 degrés. Il a sûrement suffisamment fondu pour tomber sous le niveau du sommet nord ».
De nouvelles mesures devraient être prises d’ici la fin de l’été, vers le 8 septembre. Mais la situation ne devrait pas s’être arrangée d’ici là. La scientifique suédoise estime d’ailleurs que le sommet sud du Kebnekaise « pourrait facilement mesurer un mètre de moins que le sommet nord ». À la même période, en 2017, la différence de hauteur entre les deux sommets s’élevait à près de deux mètres.
Face à ce désastre environnemental, Gunhild Ninis Rosqvist avoue ne pas comprendre le manque d’ambition des gouvernements du monde entier. Elle juge d’ailleurs les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique (y compris ceux de l’accord de Paris) largement insuffisants pour inverser la tendance et avertit qu’avec ces seuls objectifs, « nos glaciers vont disparaître ».