La colonisation de l’Amérique au cours du 15ème siècle n’a pas été qu’un désastre humain. Des chercheurs ayant effectué d’importantes recherches archéologiques et génétiques affirment en effet que les Européens ne se sont pas contentés de décimer les populations autochtones qui résidaient sur le continent américain : ils ont également favorisé la disparition de chiens domestiqués à cette même période.
Un article de la célèbre revue scientifique Science présente les résultats d’une étude menée par une équipe de 50 chercheurs. Ces derniers ont procédé à l’analyse d’échantillons ADN recueillis sur plus de 70 chiens retrouvés en Amérique du Nord et en Sibérie. Ils ont comparé génétiquement ces échantillons génétiques à ceux prélevés sur des chiens dits « modernes ».
Les résultats mettent en avant avec un degré de certitude inédit que les chiens d’Amérique ont débarqué sur le continent nord-américain par le même chemin que les humains : via le détroit de Béring. Ces chiens ont ensuite cohabité avec leurs maîtres pendant des millénaires avant d’être éradiqués en quelques siècles par les colonisateurs européens.
Les résultats de l’étude sont formels : les chiens qui vivent actuellement en Amérique n’ont rien en commun avec ceux qui ont débarqué par la Sibérie orientale avec les humains.
« Il est fascinant de voir qu’une population de chiens ayant vécu dans de nombreuses régions des Amériques pendant des milliers d’années, et qui faisaient partie intégrante des cultures amérindiennes, ait pu disparaître aussi vite », estime Laurent Frantz, expert en ADN ancien à l’Université Queen Mary de Londres et principal auteur de l’étude.
Pour l’heure, les raisons exactes de la disparition des chiens indigènes restent inconnues. Les chercheurs estiment qu’ils ont pu être victimes de maladies, de persécutions culturelles ou qu’ils ont été victimes du désir des colons de n’élever que leurs propres chiens. La rapidité de leur disparition laisse en tout cas les chercheurs circonspects.
La seule trace génétique de ces anciens chiens qui subsiste aujourd’hui se trouve dans une tumeur cancéreuse baptisée CTVT qui se transmet par contact sexuel. « Bien que cet ADN de cancer ait muté au fil des années, il est quasiment semblable à l’ADN de ce premier chien fondateur d’il y a plusieurs milliers d’années », explique en effet Maire Ní Leathlobhair de l’Université de Cambridge.
Malgré ces résultats prometteurs, les chercheurs à l’origine de cette étude reconnaissent que « l’histoire des chiens américains pré-contact commence seulement à être écrite ».