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Guadeloupe : le gouvernement freine les actions de protection des coraux

Les sinuosités de l’administration française entraînent parfois des situations largement paradoxales voire contre-productives. C’est en tout cas ce que pensent les activistes de l’association de protection de l’environnement marin Igrec Mer, qui ont décidé de dénoncer un arrêté ministériel qui interdit la manipulation des coraux en Guadeloupe : par effet ricochet, cette nouvelle législation freine leurs actions qui visent pourtant à protéger ces mêmes coraux.

« Le monde entier travaille à la restauration des coraux. En Guadeloupe c’est interdit », dénonce de manière provocatrice Igrec Mer dans un récent encart publicitaire. Dans la ligne de mire : un arrêté publié en avril 2017 par Ségolène Royal qui vise à interdire toute opération de manipulation de certaines espèces de coraux des Antilles afin de freiner leur déperdition.

Les scientifiques et défenseurs de l’environnement sont d’habitude favorables aux textes de lois contraignant quand il s’agit de protéger des espèces en voie de disparition. Pourtant, dans ce cas précis, il s’agit d’une décision qui ne tient pas compte de leurs projets en cours : de manière indirecte, le texte de loi de Ségolène Royal rend illégal leurs opérations d’expérimentation de sauvegarde des récifs.

Igrec Mer s’est spécialisée dans ces expérimentations de sauvegarde et de restauration. Un des projets menés par les membres de cette association consiste à récolter des œufs de coraux (pondus une fois à l’année) afin de les élever en aquarium. Une fois atteint leur taille adulte, ils sont réintroduits dans leur milieu naturel.

Une autre opération de sauvegarde consiste à s’appuyer sur des fragments de coraux pour donner naissance à de nouveaux individus. Igrec Mer effectue notamment ces opérations de bouturage à partir de récifs coralliens élevés en pépinières. Une expérimentation qui est d’ailleurs financée à hauteur de 4 millions d’euros par le Parc naturel de Guadeloupe et le Port autonome.

« Nous avons une pépinière de coraux à Goyave, à la baie de Petit Cul-de-sac marin, et nous aurions aimé déployer ce principe sur d’autres sites guadeloupéens, en partenariat avec les clubs de plongée », a expliqué aux journalistes de l’AFP Philippe Godoc, président d’Igrec Mer et patron de l’Aquarium de Guadeloupe.

L’arrêté de Ségolène Royal bloque donc pour l’instant le travail de l’association qui déplore « la perte de plusieurs années de travail et d’un millier de boutures prêtes à être transférées ». Igrec Mer revendique notamment sur son site Internet « 70.000 boutures replantées avec succès au Belize, 7 pépinières coralliennes, des dizaines de milliers de boutures en culture en Floride et 19 sites réhabilités dans les Keys ».

« Nous avons reçu l’autorisation de collecter les gamètes de septembre 2017, en avril 2018 ; nous sommes en train de constituer un dossier d’autorisation pour les cinq années à venir mais nous n’aurons pas de réponse avant de nombreux mois », explique l’association qui multiplie les demandes de dérogation pour reprendre son activité.

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