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Les populations d’oiseaux déclinent dangereusement dans les campagnes françaises

C’est un véritable signal d’alarme que viennent de lancer le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le Muséum national d’histoire naturelle : les populations d’oiseaux vivant en milieu agricole voient leur nombre diminuer à une « vitesse vertigineuse ». Des espèces comme l’alouette des champs, la fauvette grisette ou le bruant ortolan ont diminué de 30% en l’espace de 15 ans. Pire, ce déclin serait en passe d’atteindre un niveau « proche de la catastrophe écologique« .

Le Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) est un dispositif créé en 1989 par le Muséum national d’histoire naturelle afin de surveiller l’évolution des populations d’oiseaux qui vivent en campagne et en ville. Les relevés de ce Suivi Temporel ont permis de démontrer que les volatiles qui vivent en milieu agricole cultivé ont vu leur nombre drastiquement chuté au cours de ces dernières décennies : les populations d’oiseaux vivant en campagne sont réduites en moyenne d’un tiers tous les 15 ans. Le déclin s’est d’ailleurs intensifié depuis 2016.

« On ne prend pas de grands risques en disant que les pratiques agricoles sont bien à l’origine de cette accélération du déclin. Il y a un déclin léger sur le reste du territoire, mais rien à voir en termes d’amplitude avec ces zones agricoles », explique Grégoire Loïs, le directeur-adjoint de Viginature en charge du STOC.

Les chercheurs du Muséum et du CNRS estiment que le déclin des oiseaux en milieu rural s’est particulièrement accéléré depuis 2008-2009, une période qui correspond à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune européenne. La hausse des prix du blé, la reprise du suramendement au nitrate (permettant d’avoir du blé surprotéiné) et la généralisation des néonicotinoïdes (ces insecticides neurotoxiques) sont également des phénomènes qui ne sont pas étrangers à la réduction des populations d’oiseaux en milieu agricole.

Une étude chapeautée par le CNRS vient confirmer les résultats alarmistes des observations du STOC. Des chercheurs observent en effet depuis 1995 les populations d’oiseaux vivant dans les plaines céréalières des Deux-Sèvres. L’ensemble des espèces observées ont vu leur population diminuer en 23 ans.

« Ce qui est très inquiétant est que, sur notre zone d’étude, des espèces non spécialistes des écosystèmes agricoles, comme le pinson, la tourterelle, le merle ou le pigeon ramier, déclinent également », relève Vincent Bretagnolle, écologue au sein du Centre d’études biologiques de Chizé.

La perdrix est une espèce que les scientifiques du CNRS considèrent comme virtuellement éteinte : « on note de 80% à 90% de déclin depuis le milieu des années 1990, mais les derniers spécimens que l’on rencontre sont issus des lâchers d’automne, organisés par les chasseurs, et ils ne sont que quelques rescapés », explique en effet M. Bretagnolle.

Le CNRS et le Muséum national d’histoire naturelle s’accordent à dire que l’accélération du déclin des oiseaux à la fin des années 2000 correspond « à un effondrement accru de populations d’insectes » sans aucun doute engendré par l’augmentation du recours à certains néonicotinoïdes(et en particulier sur le blé).

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