Voilà des années que les scientifiques du monde entier travaillent à l’établissement de liens concrets entre phénomènes météorologiques extrêmes et réchauffement climatique. Grâce à des données scientifiques mesurables, le doute n’est aujourd’hui plus permis : les catastrophes naturelles trouvent leur source dans la hausse globale des températures terrestres et ses conséquences (élévation du niveau de la mer, augmentation des températures des océans, bouleversement atmosphérique).
La revue Science Advance vient de publier une étude qui prolonge ce lien. La hausse des températures terrestres et du niveau des océans vont en effet contribuer à renforcer le nombre de périodes chaudes et d’épisodes de pluviosité excessive au cours des prochaines décennies. Pire, même si les objectifs de l’accord de Paris sont atteints, les phénomènes météorologiques extrêmes devraient quand même augmenter de manière significative.
Les effets du réchauffement climatique ont permis de battre un triste record en 2017 : celui du coût mondial des catastrophes naturelles. L’année dernière, ces dernières ont entraîné des dégâts évalués à plus de 306 milliards de dollars.
« Ces coûts croissants représentent l’un des nombreux signes du fait que nous ne sommes pas prêts pour le climat d’aujourd’hui, et encore moins pour un degré supplémentaire de réchauffement planétaire », averti Noah Diffenbaugh, du Stanford Woods Institute for the Environment.
Conscient de cette situation catastrophique, plus de 190 États se sont engagés à tout mettre en œuvre pour contenir entre 2 et 3 degrés Celsius la hausse des températures terrestres par rapport à l’ère préindustrielle. Les auteurs de l’étude publiée par le Science Advance estiment cependant que l’atteinte de cet objectif n’empêchera pas des épisodes extrêmes sans précédent de se dérouler.
Tout aussi ambitieux qu’ils soient, les objectifs poursuivis par la communauté internationale n’empêcheront pas « une augmentation importante et étendue de la probabilité historique d’épisodes extrêmes sans précédents (…). Nous avons déterminé que les humains ont déjà accru la probabilité d’événements extrêmes historiquement inédits (…) y compris plus de 50 à 90% en Amérique du Nord, en Europe et dans l’est de l’Asie ».
Pour les auteurs de l’étude, l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris pour le climat permettra de limiter le risque d’épisodes météo extrêmes, mais non de l’éliminer complètement. 10% de la surface du globe restera exposé à un triplement du nombre de catastrophes naturelles. « Et environ 90% de l’Amérique du Nord, de l’Europe, de l’est de l’Asie et les régions tropicales verraient une augmentation marquée du risque de records de chaleur, de pluviosité et/ou de sécheresse », précise l’étude.
Même si la hausse des températures terrestres restait limitée à 1,5 degré Celsius d’ici la fin du siècle, « nous vivrions toujours dans un climat ayant une probabilité beaucoup plus importante de survenance d’événements d’ampleur inédite qu’aujourd’hui », conclu M. Diffenbaugh.