C’est donc en toute logique que le secteur de l’agriculture est également passé au web 3.0 et à l’ère de l’économie collaborative. Le CoFarming permet en effet aujourd’hui de partager son matériel, son morceau de terrain et ses connaissances. De nombreux sites mettent en relation exploitants et consommateurs afin « d’inventer de nouvelles formes d’organisation des agriculteurs pour une meilleure compétitivité ».
Location de matériel, échange de parcelle ou mutualisation du marché des fourrages, le CoFarming vise à « faire circuler les actifs et les savoirs » mais également à « réduire les coûts de production des exploitants et rentabiliser leurs investissements ». De quoi motiver certains jeunes agriculteurs à se lancer dans le métier en évitant un endettement très important en début de carrière.
L’achat d’un tracteur nécessite par exemple un investissement de 60.000 à 90.000€ pour n’être bien souvent utilisé que quelques semaines par an. Les sites de partage de matériel proposent donc de réduire les capitaux investis en matériel et les charges annuelles de mécanisation grâce à la location entre agriculteurs.
« Mon objectif est d’éviter des frais. Avec ce système, on peut maîtriser les charges. Je suis le quatrième de la génération familiale sur la ferme. Mon père, Michel, ne connaissait pas cet aspect de location. Ça l’a étonné. Il y a des réticences, des a priori (…). Moi, j’ai une approche totalement différente. Moi, un tracteur qu’il soit rouge, bleu ou vert, peu importe. C’est un outil de production, un moyen d’éviter les frais », explique Émeric Laffont, agriculteur installé à Mauvezin dans le Gers.
Et d’aucuns d’estimer que la révolution Internet n’est rien d’autre que… la troisième révolution agricole. « Internet permet de mettre en relation des gens éloignés par la distance mais proches dans l’état d’esprit. Internet permet aussi de tester et de partager des pratiques, des connaissances, des astuces, des expérimentations et même des erreurs. Avant, on pratiquait ça avec nos voisins proches. Là, on peut parler avec des agriculteurs en Alsace ou au Québec. Ces sites sont des nouvelles solutions à des problèmes anciens », précise Rémi Dumery, exploitant agricole de 51 ans vivant dans le Loiret.