C’est en mai 2015, lorsque le Centre international de recherche sur le cancer décide de classer le glyphosate dans sa liste de produit « cancérogène probable », que les débats autour de cet herbicide controversé débutent. De nombreuses études scientifiques pointent en effet la dangerosité pour la santé de cette molécule présente notamment dans le Roundup de Monsanto. Face aux enjeux sanitaires importants et au manque de recul dont nous disposons, de nombreux États membres de l’UE s’opposent à la commercialisation de cet herbicide.
Pendant près de deux ans, les 28 pays membres tentent donc de s’accorder sur le renouvellement de la licence du glyphosate en Europe. Des discussions qui aboutiront toutes dans des impasses. Un comité d’appel est donc mis en place ce lundi 27 novembre pour statuer définitivement sur le sort de l’herbicide. Le résultat du vote est sans appel : 18 pays ont voté en faveur du prolongement de la licence et 9 s’y sont opposés.
Selon les sources européennes, les neufs pays qui s’étaient déjà opposés au glyphosate lors d’un premier vote le 9 novembre ont campé sur leur position. Mais le revirement de certains pays comme l’Allemagne, qui s’était abstenu au début du mois, ont pesé dans la balance.
La France a notamment réitéré son engagement en faveur d’une sortie progressive du glyphosate, c’est-à-dire pour le vote d’une autorisation de vente d’une durée plus courte. Une position notamment saluée par le député européen Europe Écologie Les Verts, Yannick Jadot. « Déjà, il faut se féliciter que le président de la République ait pris l’initiative d’annoncer (…) la sortie en trois ans. Mais incontestablement la France a perdu au niveau européen. On a eu entre la Commission et les Etats membres un grand concours de lâcheté où Monsanto a gagné, malgré ses turpitudes, contre la santé ».
« La Commission européenne comme les Etats membres ne respectent pas leur obligation de protéger la santé, d’appliquer le principe de précaution, c’est un enjeu juridique », estime également M. Jadot pour qui le combat n’est pas terminé tant qu’il existera des recours juridiques.
La décision a bien évidemment provoqué la colère des ONG et des organismes de défense de l’environnement. « Cinq années de glyphosate supplémentaires mettront notre santé et l’environnement en danger, et c’est un revers majeur pour les méthodes agricoles plus durables », a lâché Adrian Bebb de Friends of the Earth Europe.
La décision des États membres a en tout cas prouvé une chose : l’Union Européenne n’est toujours pas capable de libérer le secteur agricole de l’emprise néfaste de l’agrochimie et de ses lobbyistes.