Élévation du niveau de la mer, augmentation des températures des océans, bouleversement atmosphérique… De nombreuses données scientifiques mesurables sont là pour prouver que les phénomènes météorologiques extrêmes trouvent leur source dans la hausse globale des températures du globe. Et que seul un changement drastique de nos modes de consommation et de production énergétique peut changer la donne. Mais une donnée manque encore à l’appel : des relevés d’observation sur de longues périodes.
« C’est incroyablement frustrant. Nous ne pouvons toujours pas dire avec 100% de certitude qu’Irma a été renforcée par le changement climatique, alors que dans le cas d’autres événements [par exemple les canicules, ndlr] nous pouvons le dire », explique Dann Mitchell, spécialiste de la circulation atmosphérique à l’Université de Bristol en Grande-Bretagne.
Pourtant, beaucoup de scientifiques s’accordent à dire que les ouragans tirent leur énergie destructrice de la chaleur de l’océan et de la hausse du niveau de la mer (en renforçant la pénétration des vagues sur la terre).
« Les émissions de gaz à effet de serre liées à la combustion du charbon, du pétrole et de gaz augmentent les températures sur notre planète, et apportent de l’énergie à des tempêtes tropicales toujours plus fortes », explique Anders Levermann, professeur à l’Université de Potsdam.
Selon Dann Mitchell, la hausse de l’intensité des tempêtes est une marque indéniable du changement climatique. Il est cependant trop tôt pour dire si Irma et Harvey ont été renforcés par ce phénomène.
Du fait de la rareté des ouragans de catégorie 4 ou 5, les scientifiques manquent en effet de recul et de matière chiffrée par rapport aux cas recensés de canicules ou de sécheresses. Les chercheurs sont formels : un échantillon trop petit ne permet pas de dresser des tendances structurées.
Cela n’empêche pas les experts du climat de dresser de grandes tendances. « Au niveau mondial, nous avons observé que ces 30 dernières années, les tempêtes les plus fortes se sont renforcées du fait du réchauffement des océans. Les preuves sont déjà robustes », estime James Elsner, professeur de science atmosphérique à la Florida State University.