Les effets pervers de la mondialisation et du capitalisme poussé à outrance sont aujourd’hui bien connus : une partie du globe subie bien trop souvent les modes de consommation excessifs de l’autre partie. L’ONG Mighty Earth vient de révéler un autre exemple de ce déséquilibre en dénonçant la déforestation due à la cacaoculture. Selon un rapport dans lequel elle accuse les grandes firmes du secteur de « production illégale », cette ONG explique que le chocolat consommé en occident est à l’origine de la déforestation que subit actuellement la Côte d’Ivoire (premier producteur mondial de caco).
« Afin de satisfaire la demande de géants de la chocolaterie comme Nestlé, Cadbury et Mars, de nombreux parcs nationaux du pays et d’aires protégées ont été défrichés pour laisser place à des exploitations de cacao, la matière première du chocolat », estime Mighty Earth.
L’ONG explique dans son rapport que le secteur de la cacaoculture ne s’est pas limité aux territoires légalement défrichables : au cours de ces dernières années, afin de soutenir une production toujours tirée vers le haut, les exploitations de caco se sont étendues sur des aires protégées (dans l’enceinte même des parcs nationaux par exemple).
« La conversion de forêts en cultures de cacao dans des aires protégées enfreint la loi ivoirienne », rappelle le rapport de l’ONG, qui en profite pour dénoncer les grands négociants Olam, Cargill et Barry Callebaut.
Ces négociants s’accaparent une majeure partie de la production de caco afin de la revendre aux poids lourds de l’industrie du chocolat (tels que Mars, Hershey, Mondelēz et Ferrero). Selon les dernières estimations le marché du caco est plus que juteux : la consommation mondiale de chocolat (et ses produits dérivés) est estimée à plus de 100 milliards de dollars.
Dans les années 60, la Côte d’Ivoire comptait 16 millions d’hectares de forêt. En raison de la déforestation massive due à la culture du cacao (ainsi qu’à la croissance démographique du pays), cette superficie ne s’élève aujourd’hui plus qu’à 6 millions d’hectares.
Mighty Earth n’est pas la première organisation à tirer la sonnette d’alarme. En septembre 2016, la Société de développement des plantations forestières prévenait la communauté internationale que la majorité des forêts classées de Côte d’Ivoire était en cours de destruction en raison des occupations illégales et des défrichements sauvages.
Avec 40% du marché, la Côte d’Ivoire est devenue le premier producteur mondial de cacao. Le secteur est même devenu vital pour la croissance économique de ce pays d’Afrique : il représente 15% du PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et les deux tiers des emplois de la population.