Le secteur automobile est un des secteurs les plus importants de l’économie allemande : il s’agit d’un des premiers employeurs du pays mais également d’un des premiers postes d’exportation. De fait, le gouvernement et les acteurs de ce secteur collaborent régulièrement dans une harmonie bénéfique aux affaires. Mais à la suite d’un nouveau scandale (le rappel de 22.000 Porsche Cayenne équipées d’un système de réduction des émissions polluantes au moment des contrôles), Berlin a décidé de hausser le ton.
« Une partie du lien de confiance non seulement entre l’industrie automobile et les consommateurs mais également entre l’industrie automobile et les responsables politiques a été détruit. La proximité entre responsables politiques et industries a été trop grande dans le passé et a conduit à ce que l’industrie automobile se sente, d’une certaine façon, trop confiante « , a déploré Barbara Hendricks, ministre allemande de l’Environnement, à l’issue d’un entretien avec le patron du groupe Volkswagen.
Il faut dire que Volkswagen est au cœur d’un scandale sans précédent dans l’histoire de l’industrie automobile. En septembre 2105, le groupe est en effet accusé d’avoir installé sur plus de 11 millions de ses véhicules diesel un logiciel qui permet de tromper les dispositifs de contrôles antipollution (et donc de les faire passer pour moins polluants qu’ils ne le sont réellement).
Mais les consommateurs n’étaient pas au bout de leur surprise. Il vient en effet d’être découvert que le groupe Volkswagen a également équipé les véhicules de sa marque de luxe d’un système activant la réduction des émissions de dioxyde de carbone au moment des contrôles : le ministère allemand des Transports a donc ordonné le rappel de plus de 22.000 Porsche Cayenne diesel en Europe. Des soupçons pèsent également sur les modèles diesel Touareg de Volkswagen.
« Il est hautement probable que les modèles diesel Touareg de Volkswagen soient également concernés par cette tromperie », explique le ministre des Transports, « tout sauf ravi » de l’accumulation de scandales frappant le secteur automobile.
Le gouvernement allemand est aujourd’hui au cœur de la tourmente. Il est en effet pris en étau entre son souci de ne pas porter préjudice à un secteur clé pour son économie et ses engagements en matière de santé publique et de lutte contre le réchauffement climatique. Les constructeurs automobiles et les pouvoirs publics sont invités à évoquer ce dossier sensible lors du « forum national sur le diesel » le 2 août prochain.
Les participants espèrent que l’instauration d’un véritable dialogue permettra de faire émerger des solutions pour réduire les émissions polluantes, dans un contexte où certaines villes envisagent d’interdire la circulation aux diesels les jours de forte pollution.