Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la communauté internationale s’est fixé d’ambitieux objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et notamment en réduisant notre consommation de ressources fossiles polluantes et en favorisant l’émergence de solutions plus sobres en émissions carbone (énergies renouvelables, électromobilité…). Ce changement s’opère cependant lentement et de nombreuses études affirment que l’objectif de l’accord de Paris sera difficile à respecter (contenir la hausse des températures en dessous de 2°C d’ici la fin du siècle).
Partant du principe que l’économie l’emporte souvent sur la raison, Carbon Tracker se veut plus optimiste. Cette Organisation Non Gouvernementale affirme en effet que l’abandon des hydrocarbures pourrait s’opérer au fil des années pour des raisons financières. Selon les chiffres avancés dans un de ses derniers rapports, l’ONG estime en effet que 30% des investissements programmés par les compagnies pétrolières seraient finalement abandonnés si l’économie mondiale réussit à limiter la hausse des températures à 2 degrés.
Soucieux d’aligner les marchés de capitaux avec les réalités climatiques, l’ONG Carbon Tracket s’est penché sur les investissements des 68 compagnies pétrolières et gazières les plus cotées au monde. Les auteurs du rapport sont formels : ce ne sont pas moins de 2.000 milliards d’euros d’investissements dans des projets d’exploitation pétrolière et gazière qui pourraient être perdus car trop couteux et pas suffisamment rentables.
La compagnie américaine ExxonMobil est une des plus exposées. Les experts de Carbon Tracker estiment que 40 et 50% de ses investissements sont attribués à des projets qui se révéleront inutiles pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés. De manière plus générale, un tiers des investissements pétroliers prévus dans le monde devraient être abandonnés, et notamment la totalité des projets de sables bitumineux et l’offshore profond. En Amérique du Nord, l’ONG table sur l’abandon de deux-tiers des projets gaziers.
« Jusqu’à présent, les investisseurs dans des compagnies pétrolières et gazières étaient dans le noir concernant leur exposition au risque climatique », explique Nathan Fabian, directeur de la recherche du réseau Principles for Responsible Investment.
Malgré ce manque de transparence, les investisseurs commencent à prendre conscience de leur rôle et à mettre la pression aux groupes pétroliers. Il y a moins d’un mois, les actionnaires d’ExxonMobil ont par exemple exigé en assemblée générale que l’impact financier de la transition énergétique soit évalué.