Phénomène encore peu étudié par la communauté scientifique mondiale, la surpêche et le déclin des ressources de la mer Méditerranée est pourtant une réalité aujourd’hui encore sous-estimée. Les statistiques connues à ce sujet n’ont jusqu’à aujourd’hui pas été contestées mais sont pourtant peu connues du grand public. On estime par exemple que les pêcheurs capturent en moyenne six fois plus de poissons (merlu, merlan bleu, rouget…) qu’il faudrait pour qu’ils aient une chance de se reproduire afin de se maintenir durablement.
Alors que Bruxelles a déjà attiré l’attention des États membres sur l’épuisement des ressources méditerranéennes, les choses sont sur le point de bouger. Huit pays de l’Union Européenne et sept pays de la Méditerranée se sont engagés à surveiller « de près » l’évolution des stocks de poissons sur une période de 10 ans.
« Après des mois de négociations, la Commission européenne a sécurisé aujourd’hui un engagement sur 10 ans pour sauver les stocks de poissons en Méditerranée et protéger la richesse économique et écologique de la région », s’est félicité l’exécutif européen dans un communiqué de presse.
C’est au cours d’une conférence ministérielle organisée par la Commission européenne à La Valette (capitale de la République de Malte) qu’a été signée la Déclaration de Malte, dite « MedFish4Ever ». Ce décret, qui vise à protéger la faune des eaux méditerranéennes appauvries par la surpêche, a été signé par l’Espagne, la France, l’Italie, Malte, la Slovénie, la Croatie, la Grèce, Chypre ainsi que sept pays tiers (Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Turquie, Albanie, Monténégro).
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, la Commission générale des pêches pour la Méditerranée et le Parlement européen ont également participé aux débats de cette conférence, que le commissaire européen à la Pêche espère être « un tournant ».
Les différents signataires se sont engagés à évaluer régulièrement, et de manière « précise et scientifique », les principaux stocks de poissons qui vivent dans les eaux de la Méditerranée. Il s’agira également d’établir « un plan de gestion pluriannuel pour toutes les zones de pêche-clé » tout en éliminant la pêche illégale d’ici 2020. Enfin, les signataires se sont engagés à soutenir financièrement les initiatives locales de pêche durable.
L’initiative a bien évidemment été saluée par les organismes de défense de l’environnement. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) a acclamé un « ambitieux plan stratégique » alors que l’ONG Oceana a applaudi un « pacte politique historique ».