Situé sur les comtés de Miami-Dade, Monroe et de Collier, le Parc national des Everglades renferme le plus vaste milieu naturel subtropical des États-Unis. Envahi par la mangrove, ce territoire vieux de 6.000 à 8.000 ans couvre tout le Sud de la Floride sur une longueur de 200 kilomètres et une largeur de 80 kilomètres. Il s’agit d’un espace sauvage qui renferme une faune très variée : le million de touristes qui visitent le parc chaque année peuvent en effet tomber à tout instant sur les nombreux crocodiles, alligators, ibis, pélicans, flamants, pumas, ratons laveurs, lynx ou encore lamantins qui y ont élu domicile.
Contrairement à de nombreux autres parcs nationaux américains, les Everglades ont été classés pour des raisons de protection d’un écosystème fragile plus que pour des impératifs géographiques. Le Parc national peut en effet être considéré comme un lent système mouvant de rivières alimentées par des cours d’eau comme le Kissimmee et le lac Okeechobee. Si la présence de l’homme dans la région date de plusieurs milliers d’années, le début de l’urbanisation et de l’agriculture date de la fin des années 1948. Depuis près de 70 ans, les écosystèmes des Everglades souffrent de l’impact négatif de l’activité humaine : leur restauration est ainsi devenue un des objectifs majeurs des politiques du sud de la Floride.
C’est au début des années 2000 que le Congrès des États-Unis lance un plan de restauration des Everglades baptisé Comprehensive Everglades Restoration Plan. L’objectif est de « préserver, restaurer et protéger l’écosystème sud-floridien tout en répondant aux besoins de la région relatifs à l’eau ». Il apparait cependant que depuis son lancement, ce chantier de réhabilitation n’a que peu progressé.
« Notre objectif était d’en avoir accompli la quasi-totalité en 20 ans. Nous sommes presque au bout de ces 20 ans et aucun projet n’a été achevé », estime Steve Davis, spécialiste des zones humides à la Fondation Everglades. « Nous avons altéré l’écosystème dans les années 1940 et 1950 lorsque nous ne connaissions pas les risques. Aujourd’hui, nous devons le réparer », précise Bob Johnson, hydrologue du Service des parcs nationaux.
Il s’avère en effet que l’activité humaine a petit à petit freiné l’écoulement de l’eau douce depuis le lac Okeechobee. Le phénomène a été amplifié ces dernières années en raison de la construction d’une digue protégeant les millions d’habitants venus s’installer dans cette région des ouragans, ainsi que par la culture de la canne à sucre qui assèche les marais.
« Si nous ne trouvons pas le moyen de stocker davantage d’eau, nous ne pourrons pas surmonter les problèmes qui vont surgir. Nous ne pourrons pas faire face à de longues périodes de sécheresse suivies d’abondantes pluies », estime M. Johnson.
Des projets de loi prônant l’acquisition de 240 kilomètres carrés de terres au sud du lac Okeechobee (pour y construire un réservoir d’eau douce de 454 millions de litres d’eau) ont notamment été déposés auprès du Sénat et de la Chambre des représentants de Floride. La mesure se heurte cependant au scepticisme d’une dizaine d’industriels qui ne veulent pas vendre leurs terrains et remettent en doute les études scientifiques sur lesquelles s’appuie le projet.