Voilà maintenant deux mois que le 101ème département français est sous le coup de restrictions d’eau draconiennes à la suite du retard de la saison des pluies. Très dépendant des précipitations pour l’alimentation en eau, les régions sud et centre de Mayotte sont en effet depuis la mi-décembre fortement rationnées : l’eau est en effet coupée deux jours sur trois.
La grande majorité (80%) de l’eau potable consommée à Mayotte provient de deux retenues collinaires. La première est située à Dzoumogné, dans le nord du département, et contient 2 millions de mètres cubes. La seconde est située à Combani, dans le centre, et contient 1 million de mètres cubes. Faute de précipitation au moment de la saison des pluies, ces deux retenues ne sont plus remplies qu’à 28% et 13%.
Reconnaissant la situation comme une crise, Ericka Bareigts a signé lundi 27 février un plan d’urgence eau avec le Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (Siaem), l’Agence française de développement (AFD) et la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). Première mesure de ce plan d’urgence, un assouplissement des restrictions d’eau : la distribution d’eau aura dorénavant lieu un jour sur deux.
Alors que « les retenues collinaires ne pourront pas être remplies d’ici la prochaine saison sèche, prévue dès le mois de juin », une rotation de tankers depuis l’île de la Réunion sera mise en place dès la mi-2017 : il s’agira d’acheminer jusqu’à 500.000 mètres cubes d’eau afin d’approvisionner les retenues.
D’autres mesures sont prévues. La première consistera à réhabiliter 8 forages afin d’apporter des ressources hydriques supplémentaires de l’ordre de 2.000 mètres cubes d’eau par jour. Le plan d’urgence prévoit également la construction d’une usine de désalinisation dans un délai maximal de 18 mois. Enfin, une troisième retenue collinaire devrait voir le jour d’ici l’horizon 2020 dans le Centre du pays.
Toutes ces mesures nécessiteront une aide du ministère de l’ordre de 5,5 millions d’euros, issus du Fonds exceptionnel d’investissement. Des crédits du Contrat de plan État-Région, de l’Union Européenne et un emprunt de 46 millions contractualisé avec la Caisse des Dépôts et consignations permettront de finaliser l’enveloppe budgétaire nécessaire à l’ensemble des actions du plan d’urgence.
« L’approvisionnement en eau est une compétence locale [mais] l’État prend sa part dans la gestion de la situation d’urgence [et] dans l’accompagnement des collectivités [afin que] l’année prochaine, il n’y ait plus de problèmes à gérer », a expliqué Mme Bareigts.