C’est en septembre 2013, au moment de la parution de la 5ème édition de son rapport, que le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat lance un pavé dans la mare : la hausse des températures terrestres a ralenti entre 1998 et 2014. Selon les chiffres avancés par l’organisme onusien, la tendance moyenne du réchauffement climatique entre 1951 et 2012 s’élève à 0,12°C par décennie, alors qu’elle n’est que de 0,07°C entre 1998 et 2012.
Ce ralentissement, voire même cette stabilisation, de la hausse des températures moyennes est baptisé par les médias et les scientifiques « le hiatus ». Un « hiatus » que les climato-sceptiques n’ont pas hésité à mettre au service de leur thèse remettant en doute la responsabilité de l’Homme dans l’accélération des températures terrestres : impossible que la hausse de températures soit liée aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre puisque ces dernières augmentent sur la période du « hiatus ».
En 2015, les scientifiques de l’Agence Américaine Océanique et Atmosphérique Américaine (NOAA) décident de vérifier la thèse du GIEC. Et après plusieurs mois de recherches, la conclusion est sans appel : le réchauffement climatique ne s’est pas ralenti entre 1998 et 2012. Selon un rapport de la NOAA, la hausse des températures des océans sur cette période a été largement sous-estimée en raison d’un changement de méthode de collecte de données.
Il apparait en effet que jusque dans les années 90, la température des océans était évaluée grâce à des prélèvements effectués directement en mer par des bateaux. Aujourd’hui, ce même travail de mesure des températures est effectué par des bouées scientifiques, qui envoient leurs résultats à des satellites. Selon les recherches de la NOAA, les températures mesurées par les bouées sont plus froides que celles affichées par les prélèvements des navires. C’est cette différence de températures entre l’ancien et le nouveau système qui a occulté la réalité du réchauffement pendant 15 ans.
Ces résultats ont bien évidemment été très critiqués par les climato-sceptiques. Une commission de la Chambre des représentants (à majorité républicaine) a même accusé la NOAA d’avoir modifié les résultats de son étude afin de servir les intérêts de la politique climatique de Barack Obama.
Une troisième étude a donc été réalisée par les chercheurs de l’université Berkeley et l’Institut indépendant Berkeley Earth. Les résultats viennent aujourd’hui confirmer ceux avancés par la NOAA l’année dernière. « Nos résultats signifient essentiellement que la NOAA avait raison et que ses scientifiques n’ont pas truqué les données », explique Zeke Hausfather, chercheur à Berkeley et principal auteur de l’étude.
Les recherches de l’université de Berkeley ont été menées grâce à trois méthodes de collecte différentes. Les résultats ont ainsi pu être calculés avec des données indépendantes issues de capteurs satellites, de bouées dérivantes ainsi que de bouées plongeantes.
« Nous étions initialement sceptiques à propos des résultats de la NOAA car ils montraient un réchauffement plus rapide pendant cette période que celui indiqué précédemment par une étude actualisée du Service national britannique de météorologie. Nous avons vérifié nous-mêmes en utilisant différentes méthodes et données et avons conclu que la NOAA avait raison, une conclusion à laquelle est également parvenue dernièrement l’Agence météorologique japonaise en utilisant des données encore plus récentes », précise Kevin Cowtan, de l’Université de York.
Il apparait donc clairement que le ralentissement du réchauffement climatique observé entre 1998 et 2014 n’existe pas, et que les scientifiques de la NOAA n’ont jamais fait preuve d’approximations scientifiques. Cette conclusion met fin à des théories favorites des climato-sceptiques. Ce qui ne devrait notamment pas plaire à Donald Trump.